La campagne hivernale attire particulièrement Sisley qui excelle à rendre la tristesse et le caractère désolé de la nature. Son tempérament réservé et solitaire s'accorde mieux au mystère et au silence qu'à l'éclat des paysages ensoleillés et méditerranéens qu'affectionne par exemple Renoir. Comme Monet, Sisley suit l'exemple de Courbet en peignant des paysages enneigés. Si ce thème séduit les impressionnistes, c'est parce qu'il leur permet d'étudier les variations de la lumière et de jouer des différentes nuances de leur palette. Grâce à des petites touches colorées posées sur la toile, le sol n'est pas uniformément blanc, mais irisé de reflets bleutés. Les hivers passés à Louveciennes, à Marly-le-Roi ou encore à Veneux-Nadon inspirent à Sisley de nombreux paysages de neige, tel que celui-ci.
La neige à Louveciennes illustre également les recherches de perspective menées par le peintre : un chemin enneigé s'enfonce vers l'arrière-plan, simplement peuplé d'un petit personnage isolé. La sensibilité de l'artiste qui s'exprime dans ces paysages raffinés et délicats où la couleur joue en de discrètes harmonies peut s'expliquer par son origine britannique. En outre Sisley avait eu la possibilité d'admirer les œuvres de Bonington, Constable et Turner au cours de quatre années passées en Angleterre, de 1857 à 1861, et à l'occasion de ses voyages ultérieurs. Rappelons également que la technique de l'aquarelle, très en faveur outre-Manche, avait contribué à introduire une certaine liberté dans la peinture. (Source : Musée d’Orsay)