Éléphant

Itō Jakuchū était un peintre japonais du milieu de l'époque Edo (1603-1868), au cours de laquelle le Japon avait fermé ses portes au monde extérieur. Beaucoup de ses peintures traitent de sujets traditionnellement japonais, notamment de poulets et autres oiseaux. Mais ici, il s'agit de tout autre chose !

Un éléphant, peint de face, occupe l'intégralité du cadre. Il s'agit d'une composition audacieuse qui confère à la surface longue et étroite de l'œuvre une tournure surprenante et inattendue. La méthode consistant à remplir l'arrière-plan avec de l'encre pour faire ressortir l'éléphant sans ajouter de couleur est efficace ; il semblerait que les effets du taku-hanga (gravures par frottement) ont été appliqués à cette œuvre peinte à la main. Le style peut sembler simple, mais l'utilisation méticuleuse et réfléchie d'encres claires et foncées est bien visible. Des éléments tels que l'expressivité du dos de l'animal révélée en seulement trois courbes sont tout à fait abstraits et fascinants.

La signature et le sceau dévoilent que l'œuvre a été réalisée dans l'atelier de Jakuchū au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En 1728, un véritable éléphant a été amené au Japon sur ordre du huitième shogun (général), Tokugawa Yoshimune. Il paraîtrait que l'année suivante, on l'a fait marcher de Nagasaki jusqu'à Edo. Il est donc possible que Jakuchū, alors âgé de 14 ans, ait lui-même vu l'éléphant à Kyoto. Dans cette œuvre, le souvenir de l'éléphant, peut-être exactement tel qu'il l'a vu, est peint avec un tel impact qu'il semble surgir hors de ce gasenshi (un type de papier utilisé pour la peinture à l'encre et la calligraphie) de la taille d'un tatami.

Joyeuse journée mondiale de l'éléphant ; qui aurait cru que c'était aujourd'hui !

P.S. Voici un autre éléphant, cette fois dans une église (ainsi que d'autres histoires singulières à propos de Venise).