Kobayashi Kiyochika
La première guerre sino-japonaise de 1894-95 était la première guerre moderne du Japon, et sa première action outre-mer depuis 300 ans. Un effet notable de ce conflit était l’importante montée en popularité des senso-e (« peintures de guerre »), un genre de ukiyo-e (« images du monde impermanent », un mouvement artistique) qui évolua d’une mutation de musha-e (« images de guerrier »), avec le besoin dans les années 1870 de documenter les conflits contemporains qui faisaient rage au Japon en conséquence de la Restauration de Meiji, et en particulier la guerre de Seinan de 1877.
Une douzaine d’artistes, célèbres ou non, ajoutèrent au fur et à mesure de la guerre sino-japonaise à la masse d’images en circulation (il est estimé que 3000 estampes furent réalisées en seulement 10 mois) ; Kiyochika était l’un d’entre eux.
L’énergie et le talent artistique des meilleures estampes de scènes de guerre sont d’autant plus remarquables que leurs compositions furent effectuées à la hâte. Une revue des œuvres de Kiyochika, le plus célébré de ces artistes, donne une idée de la nature impressionnante de cette réussite. En effet, on considère qu’il a produit plus de 70 triptyques durant ces quelques mois de la guerre sino-japonaise. Les impressions de Kiyochika du front vont du lyrique à l’atroce, parfois combinant ces deux extrêmes en une même pièce. Avez-vous remarqué la baleine en bas à gauche ?