Saint George et le dragon

Ce minuscule tableau (taille 28,5 cm x 22,5 cm) est rempli d'une forêt à la nature sauvage et féroce, d'où semble sortir le dragon avec sa peau granuleuse, et plein de bave. Dans une petite ouverture entre les arbres, la lumière du monde extérieur brille. St. George n'est pas en train de tuer le dragon - il semble plutôt le regarder avec pitié. Sa lance pend mollement à ses côtés. Le Saint-Georges d'Altdorfer a l'air fatigué, son armure est défraîchie et le cheval semble dégoûté à la vue du dragon informe. Les personnages se perdent dans le feuillage à l'air féroce (féroce comme devrait être le dragon) qui menace de les étouffer, et ils semblent tous se fondre dans ce monochrome. Le chevalier semble méditer intérieurement sur le fait qu'il est conscient qu'il doit tuer le dragon pour pouvoir quitter la sombre forêt de l'inconscient et émerger dans la lointaine lumière du monde de l'ego. Son armure brille, marquant la limite fragile avec son personnage flou. La princesse est introuvable, alors quel est le but de cette "bataille"? Le thème de Saint Georges combattant le dragon a une longue histoire dans l'Art, où il a souvent été compris comme une métaphore de la victoire de l'esprit chrétien sur les forces du mal. La forêt dans le travail d’Altdorfer donne non seulement le ton à ce concours, mais semble également en faire partie intégrante. Activée par les lignes courbes de branches feuillues et de lumière tachetée du soleil, la forêt dégage une énergie anxiogène. Un terrain d’essai primordial pour le Saint, c’est à la fois un monde sinistre et dangereux de monstres et une source intacte de pureté et de force. Altdorfer aborde donc l’idée que la forêt elle-même pourrait être un personnage digne de représentation et capable d’exprimer une signification en soi. Une décennie après avoir créé le Saint George, Altdorfer produisit, en peinture et en estampe, certains des "vrais" premiers paysages du nord de l’Europe.

Merci Maciek de nous avoir proposé cette pièce!