L’œil

Le moi n’est rien d’autre qu’une réflexion de l’esprit. Le tueur et le saint sont tous les deux dans une pièce différente bien qu’elles soient dans le même espace, la perception étant faite d’interprétation, chacun écrira le scénario selon les couleurs de ses souvenirs, expériences, émotions et inconscient. Ce sont ces mêmes entités qui nous font agir, motive nos choix, nourri nos peurs… Donc est-ce que le corps domine l’esprit, ou l’esprit domine-t-il le corps ? « Ce garçon à l’air d’un fanatique », dit le père de la psychologie, Sigmund Freud, à propos du jeune artiste qui peignait son portrait. Il était loin de se douter que ce garçon excentrique et aspirant, le peignant, serait, comme lui, un symbole de ce qui se cache au-delà du conscient. Si Freud est l’homme qui rejeta l’idée que le corps règne sur l’esprit, Dali est un peintre de rêve. La matière que Freud ouvrit à l’interprétation, et Dali interpréta. Salvador Dali mourra à l’âge de deux ans, en Catalogne espagnole. Son père, Salvador Dali, nomma l’enfant après un fils décédé précédemment, et après lui-même, Salvador Dali. Sa forte personnalité se démontra à un jeune âge, tout comme son talent : à l’âge de 16 ans, il étudia à l’Académie d’art de San Fernando à Madrid, et il attira l’attention avec ses cheveux longs, cravates, chaussettes hautes et longues vestes. Après avoir déclaré que personne n’était assez capable pour évaluer son travail, il fut expulsé de l’Académie. Malgré son grand respect pour les Maîtres (sa moustache iconique est dite d’être un hommage à Velázquez), Dali acclama le génie au-delà des institutions. Quand il emménagea à Paris, par exemple, il dit à Picasso « Je suis venu vous voir avant de voir le Louvre ». Individualiste de nature, Dali refusa même les groupes qu’il se disait faire partie, déclarant que « La seule différence entre les surréalistes et moi, c’est que je suis Le Surréalisme ». Même si vous n’êtes pas d’accord avec sa personnification du surréalisme, Dali cultivait un style de vie surréaliste, extravagant et passionné, personnifiant la frontière entre la réalité et le rêve. Même ses méthodes de travail était sensé détruire la ligne du sommeil : une de ces techniques était de s’asseoir confortablement sur une chaise, tenant une cuillère au-dessus d’un plat de fer, et en s’endormant il faisait tomber la cuillère et se réveillait pour capturez les images de rêves de son inconscient. Les paysages, animaux et formes, la symbologie de ces thèmes et les relations entre les éléments auront une signification plus profonde, comme si le rêve révélait le moi ; une manifestation d’une vraie personne, libre des limites de la conscience. Dali me fait réaliser à quel point nous sommes tous seuls et incompris. Peu importe le mot qu’on lit, le son qu’on entend, le tableau qu’on voit, cela résonne toujours dans le sens que l’on créé personnellement. La communication n’est jamais très effective car nous entendons et voyons des choses différentes par les mêmes sources. Inconnu même à nous-même ; plus j’essaie de me comprendre et moins je comprends mes actions. Dali me dit que ce n’est pas grave, tant que nous explorons nos rêves.

Artur Deus Dionisio

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