Pierre-Louis Pierson
Nous voilà le 1er Mars, il est donc temps de commencer notre #MoisDesFemmesDansl’Histoire! :)
Un selfie, il y a maintenant un nouveau mot venant d’une nouvelle ère. Ils sont actuellement à la mode. Tous ces gens se contorsionnant pour tirer leur portrait et le partager avec le monde entier. Décidément, quel manque d’originalité. Les selfies en photographie ont premièrement été commercialisés par Virginia Elisabetta Luisa Antonietta Teresa Maria Oldoini, Comtesse de Castiglione (1837-1899). Née à Florence, en Italie, d’une famille de petite noblesse, mais comptant de nombreuses opportunités. Connue sous le pseudonyme de Nicchia, elle se marie à 17 ans - d’un mariage arrangé - avec un homme de 17 ans son aîné, avec qui elle aura un fils. Puis elle a rapidement été envoyée en France où il était attendu qu’elle joue de son influence pour persuader Napoléon III d’aider à l’unité Italienne. En quelques semaines elle était sa maîtresse, causant un scandal et par conséquent sa séparation d’avec son mari.
Au cours de sa liaison son portrait été réalisé par Pierre-Louis Pierson (1822-1913). C’était lors de l’apogée du boom photographique qui a frappé Paris. Pour elle c’était le début de quelque chose de bien plus grand. En effet ils ont continué et collaboré sur plus de 400 à 700 portraits (les sources diffèrent), couvrant plus de trois décennies de sa vie. Elle mettait tout en scène: poses, costumes et tout le reste. C’est elle qui tenait le rôle principal dans ce processus, Pierre-Louis n’étant autorisé qu’à actionner le mécanisme pour prendre la photo et l’imprimer. D’ailleurs, toutes les étapes du processus étaient soumises à un contrat. Virginia était autant propriétaire du processus de création que du cliché final, ce qui était très rare à l’époque. En effet, en général c’est le photographe qui possède son propre travail. Elle a aussi fait prendre en photo ses pieds et ses jambes nues, causant une fois de plus un scandal. Scandal qu’elle a, par ailleurs, aggravé en posant en tant que cadavre assis sur un canapé. C’est à ce moment là qu’il est devenu évident qu’elle était malade. Sa personnalité schizophrène l’enveloppait tout comme les couches qui s’accumulaient de façon visible dans ses photographies. Elle n’a pas arrêté d’innover, autant dans sa vie personnelle que professionnelle, tout en continuant dans cette infernale spirale causée par sa maladie.
Après 1879 elle a passé ses années dans des pièces obscurcies, rideaux tirés, ne vivant plus que la nuit. Cependant elle ne pouvait tirer un trait sur son passé et a donc posé pour bien d’autres portraits resplendissants. Complètement hors réalité, son psychiatre ne put plus l’aider. Ses cheveux sont devenus gris et fins, ses dents manquaient, le regard séduisant se transforma en un regard triste. Elle décéda à l’âge de 62 ans et fut enterrée au Cimetière Père Lachaise à Paris.
- Erik
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