Portrait de Max Ernst

Leonora Carrington (1917-2011) était une peintre et écrivaine surréaliste. Fille d’un industriel anglais, Carrington passa son enfance dans une maison de campagne entourée d’animaux et lisant des contes de fées et des légendes (elle écrivit elle-même quelques contes). Elle revisite tous ses souvenirs pendant son âge adulte comme des scènes oniriques. Leonora Carrington eut une relation avec Max Ernst mais la 2^ème guerre mondiale les sépara. Il fut mis en prison par l’ennemi. Elle échappa en Espagne et tomba en dépression car elle ne pouvait pas sauver son amant. Elle passa quelques temps dans un hôpital psychiatrique puis emménagea au Mexique. Ce portrait de Max Ernst est un témoignage de cette période. 

Cette peinture, très symbolique, est plutôt énigmatique et défie l’interprétation. Max Ernst porte des chaussettes rayées et un manteau de fourrure rouge comme un shaman. Ce costume qui ressemble à un oiseau est une allusion à tous les oiseaux présents dans les tableaux de Ernst. Une photo existe également montrant Max Ernst à un bal en 1958 dans un costume d’oiseau. Les cheveux blancs comme neige de Max font écho au paysage arctique autour de lui.

Le cheval représente probablement un alter ego de Leonora. Le cheval est aussi un animal totémique pour l’artiste car il apparaît dans d’autres de ses travaux comme substitut symbolique. Le cheval paraît immobile, gelé sur place tout comme l’hyène dans un autre tableau nommé L’Auberge Du Cheval De L’Aurore. Ici, le cheval ne galope pas librement dans un champ verdoyant. Il est coincé sur la banquise, couvert de stalactite. Ceci peut symboliser que son cœur est à jamais à Max Ernst. Le cheval blanc fantomatique et son regard glacé et œil véreux a été comparé au cheval dans Le Cauchemar de Fuseli. La lanterne tenue par Ernst ressemble à une fiole de laboratoire ce qui montre l’artiste comme un alchimiste solitaire. Le petit cheval à l’intérieur représente la souffrance de Carrington dans cette relation ; il reflète les anxiétés et sa période turbulente.

-Tony Goupil

Si vous êtes intéressé par ce texte, vous pouvez en lire plus sur l’artiste avec l’article d’aujourd’hui : « Leonora Carrington et Sa Vie Surréaliste Dans Ses Propres Mots » sur DailyArt Magazine.