Agnes Goodsir
Un bon portrait vous en dit autant sur l’artiste que sur le sujet. Dans la fille à la cigarette, peint en 1925, Agnès Goodsir nous offre un aperçu de sa vie. Le portrait montre sa compagne Rachel Dunn (alias Cherry) assise à une table, ses mains tenant élégamment une cigarette tandis que ses yeux d'un bleu glacial fixent le spectateur. Goodsir capture les moindres détails dans cette peinture, de la texture du châle qu’elle porte à la porcelaine de la tasse. Le ventilateur, la lampe de chevet et le cendrier deviennent des objets intimes qui participent à créer une atmosphère domestique. Rachel se détend avec une tasse de thé, tout en fumant à proximité du ventilateur qui la rafraichira plus tard.
Les femmes étaient rarement photographiées ou peintes en train de fumer avant les années 20. A partir de cette époque les femmes sont encouragées à briser les tabous et essayer de nouvelles choses. Les marques de tabac, comme Lucky Strike, tentent d’attirer les femmes avec des slogans tels que “Attrapez une Lucky plutôt qu’une friandise”.
Rachel Dunn et son mari Bernard Roelvink étaient des amis proches d’Agnès Goodsir. Ces australiens de la haute société fréquentaient les mêmes cercles, et le divorce de Rachel pour Agnès fit scandale. Le couple s’installa à Paris et Rachel devint un modèle fréquent pour de nombreux portraits de Goodsir. Elles vécurent une vie de bohème, profitant de la liberté et de la créativité que leur offrait Paris.
Malheureusement, après le décès de la peintre en 1939 dans la capitale française, ses œuvres furent largement oubliées, il serait peut-être temps d’y jeter un nouveau regard.