Alfredo Cristiano Keil
Certaines choses sont plus grandes que la vie. Dans une certaine mesure, tout ce qu’on fait affectera les autres et perdurera dans le temps : comme les vagues toujours plus grandes sur une mare, chaque décision qu’on prend se répandra et touchera les autres. Mais certaines de ces actions prennent des proportions qui acquièrent leur propre vie. Pour la plupart d’entre elles, on a aucune idée de l’ampleur qu’elles vont prendre.
En 1848, un jeune couple allemand décide de partir au Portugal et de s’y marier. A Lisbonne le 3 juillet 1850, leur fils Alfredo Christiano Keil naissait. Il a très vite développé un vif esprit artistique et a décidé d’étudier la musique et la peinture à l’université de Nuremberg. Les actions des politiciens et des soldats à Nuremberg l’ont forcé à retourner au Portugal où il a fui la guerre franco-prussienne (1870).
Il a ramené à Lisbonne un esprit romantique provenant d’Allemagne. Le romantisme était un mouvement bien ancré en Europe mais n’avait pas encore d’emprise sur le Portugal. Keil a d’abord peint des paysages, mais il a trouvé cette peinture pour porter une ambiance spéciale. Les deux filles lisent une lettre en plein suspens. On nous laisse imaginer ce qu’elle peut dire. Je pense qu’Alfredo Keil a reçu une lettre du futur révélant l’impact qu’une action de sa main pourrait avoir sur le futur, il aurait été aussi fasciné que ces filles le sont.
La semaine dernière le président du Portugal est entré en fonction. (Curieusement, le président était professeur de droit dans mon ancienne université.). Comme l’exige le protocole, tout le monde assistant à la cérémonie a profité d’un morceau de musique de l’artiste d’aujourd’hui : vous vous souvenez qu’Alfredo a aussi étudié la musique ? Il était en fait plus connu pour ses compositions musicales, notamment après avoir créé « A Portuguesa », un puissant ultimatum musical qui était tombé dans l’oubli pendant la monarchie. Après une révolution, le Portugal est devenu une République et « A Portuguesa » est devenu l’hymne national qu’on chante encore aujourd’hui.
Toutes les actions comptent et on est tenu pour responsable de tout ce qu’on fait. Cette responsabilité est d’autant plus importante quand un pays délègue le pouvoir pour diriger son peuple en choisissant et autorisant une personne parmi ses concitoyens pour diriger. Les grandes nations sont tombées en disgrâce et dans le radicalisme après avoir échoué dans le choix du bon dirigeant.
Souvenez-vous : vous êtes ce petit caillou frappant l’onde et les vagues de votre présence feront écho à l’éternité, touchant tous les autres.
Artus Deus Dionisio